Découvrons la faune sauvage

Découvrons la faune sauvage

Sauvetage et élevage à la main d'un jeune lémurien couronné

Petit rappel de l'épisode précédent (« lémurs couronnés, une espèce en danger ») :

 

Tina, jeune femelle de 5 ans, à la suite de sa première mise bas, effrayée par le phénomène, rejette Mamonjy, un petit mâle d'à peine plus de 60 grammes. L'équipe de la Haute-Touche décide donc, avec l'accord du coordinateur européen de cette espèce, d'élever ce petit lémurien à la main après avoir eut la certitude de l'incapacité de Tina à accepter et élever son petit. Mamonjy fut donc mis en couveuse sous une température moyenne de 30°C et une hygrométrie comprise entre 70 et 80%..

 

 

Des débuts alimentaires éprouvants

 

Une peluche lui fut également donnée pour fournir un support affectif et un lieu de refuge en cas de stress à ce jeune pensionnaire qui, après quelques jours d'observation légèrement craintive, l'adopte et se réfugie entre les pattes arrières et le ventre de la peluche, zone la plus ressemblante avec l'aines de la mère. La peluche avait été au préalable mise une journée et une nuit entière dans la loge des adultes en leur présence afin de l'imprégner, autant que faire se peu, de leur odeur.

 

Une tétée toutes les deux heures (de jour comme de nuit) est indispensable au moins le premier mois, mais le nourrissage n'est pas tout. Il faut surveiller son poids tous les jours (deux pesées par jour), stimuler l'excrétion en humidifiant ses parties génitales avec du coton (dans la nature c'est la mère qui lèche son petit pour l'aider), surveiller l'état des selles, soigner les petits désagrément (irritations, toilettage,…) et … assurer le plus rapidement possible sa resocialisation au sein du groupe familial et donc le présenter régulièrement à ses parents naturels.

 

 

A partir de 1 mois, un premier biberon lui est retiré (un de nuit pour assurer la survie mentale des soigneurs qui assuraient cette tranche horaire délicate !) puis sa courbe de poids est surveillée. Celle-ci continuant à croître linéairement selon les attentes, les derniers biberons de nuit sont très progressivement supprimé et la période entre deux prises de jours est espacée.

 

En même temps fut régulièrement, puis avant chaque prise lactée, présenté dans une seringue à Mamonjy une bouillie de légumes afin de lui donner goût à différents aliments pas trop sucrés. Après chaque repas, une brosse à dent manipulée par les soigneurs remplaçait le peigne dentaire des parents pour toiletter le petit et une petite séance d'exercices était proposée au jeune lémurien. La peluche sur laquelle il se blottissait était manipulée avec précaution mais avec assez d'amplitude pour imiter les déplacements de la mère et demander à Mamonjy de se tenir fermement comme il le ferait naturellement.

 

Ce n'est que vers 2 mois que lui furent proposé de tous petits morceaux de fruits et légumes qu'il a d'ailleurs mis beaucoup de temps à goûter puis à trier en fonction de ses préférences.

 

 

Les mois passant, Mamonjy a augmenté sa consommation de bouillie de légumes et de morceaux d'aliments tout en diminuant la quantité de lait. Entre trois et quatre mois la totalité de sa nourriture lui était présentée, plusieurs fois par jour, dans des gamelles et Mamonjy pouvait se nourrir librement.

Enfin entre 5 et 6 mois, moment du sevrage, l'équipe a cessé de lui présenter du lait, qu'il ne consommait d'ailleurs plus que très rarement puis progressivement la bouillie de légume. Son alimentation ne se composait alors plus que de fruits et légumes en morceaux, tout comme ses parents.

 

Et le comportement dans tout ça ?

 

Mais il ne suffit pas d'assurer la survie alimentaire d'un jeune animal sauvage, il faut aussi s'assurer du développement social et comportemental de celui-ci et qu'il devienne avec le temps capable de se comporter le plus naturellement possible, de se reproduire avec une femelle de son espèce et d'élever correctement sa progéniture.

 

Pour cela il a besoin de l'exemple et de l'apprentissage de ses parents. Mamonjy a donc passé ses premiers jours dans une couveuse chauffée dans la loge voisine de ses parents. Il semble indispensable pour son développement comportemental qu'il entende, sente et voit ses parents le plus souvent possible et réciproquement pour le développement de leurs relations sociales que les adultes restent avec lui en contact auditif, olfactif, et visuel, faute de quoi les chances qu'ils l'acceptent à nouveau seraient extrêmement plus compliquées.

 

Les repas de Mamonjy lui étaient donnés devant la loge des adultes, puis le petit était présenté aux parents à travers le grillage en un premier temps. Emerik s'est présenté dès le 2ème jour à la séance de nourrissage pour quelques jours plus tard commencer à lécher et toiletter le petit mais Tina à bien mis deux semaines avant de s'approcher timidement tout en évitant les contacts. Emerik répond par sa présence aux cris de Mamonjy alors que ceux-ci semblent effrayer Tina qui sort rapidement dans la volière extérieure.

 

 

Dès la troisième semaine, le petit fut présenté, après chaque tétée et sur sa peluche,  en contact physique dans la loge des parents (sous étroite surveillance). Là encore Emerik viens rapidement le saisir sans brusquerie et le toiletter, en commençant bien entendu par les zones encore barbouillées de lait ; Tina est toujours en retrait.

 

Les semaines suivantes, une petite loge lui fut aménagée dans celle voisine des parents : de très nombreux perchoirs de petits diamètres (adaptés à l'envergure de ses mains) furent installés et une lampe chauffante assurait le maintient de la température à 24°C. Mamonjy commença alors à développer ses capacités locomotrices avec des débuts parfois maladroits.

 

 

Puis c'est la loge entière voisine des adultes qui lui est aménagée. De nombreuses mises en contact journalières sont alors mises en place avec cette fois l'entrée des parents dans la loge du jeune. C'est au cours de ces séances que Tina commence à approcher Mamonjy et à le toiletter très timidement et toujours avec au moins un main en contact avec Emerik.

 

 

Lors des journées encore ensoleillées et chaudes de Septembre, les mises en contact se font dans la volière extérieure. Mamonjy commence à quitter pour la première fois en présence des parents sa peluche et explore son nouvel environnement. C'est quelques jours après le début de ces sorties que Mamonjy monte sur le flanc de Emerik et celui-ci le transporte quelques minutes. Tina devient moins craintive aux mouvement et vocalises de son fils et présente maintenant des comportements d'appel au jeu envers lui. Petit saut en sa direction puis, couché sur le dos les pattes écartées elle le regarde et attend. Ce dernier ne se fait par prier longtemps et saute sur Tina. Les premières expériences semble apeurer encore un peu la mère qui renouvelle tout de même l'expérience puis Emerik se joint à eux.  A presque trois mois Mamonjy  peu évoluer dans la volière et les loges avec les parents comme si rien ne signalait sont statut de jeune élevé par les soigneurs (mais jamais loin ou bien longtemps de sa peluche tout de même et toujours sous surveillance !).

 

Après 5 mois (mi décembre), Mamonjy reste toute la journée avec les parents avec une surveillance humaine minimale et n'est isolé temporairement que pour les repas journaliers. Sa peluche lui à été progressivement retirée, sans réaction de panique et de stress de sa part (juste un peu de recherche les premiers jours) et, dès Janvier, période du sevrage en situation plus naturelle, c'est de jour comme de nuit que la petite famille vit ensemble.

 

 

Bilan...

 

Aujourd'hui, rien ne laisse  imaginer pour  un œil non avertit l'histoire de Mamonjy. Celui-ci évolue dans l'enclos au sein de son groupe familial et peu observer librement Tina et Emerik se comporter en lémuriens. Une étude menée sur son comportement afin d'évaluer si certains problèmes peuvent se poser en conséquence de son élevage à la main semble conclure désormais que rien ne différencie le comportement de Mamonjy et celui de sa sœur Ventana, élevée naturellement par les parents.

 

Il a été tenté de minimiser au maximum les interventions et les relations du jeune Mamonjy avec le personnel humain qui s'est occupé de lui. Le port de gants obligatoire permet d'éviter d'imprégner le jeune de notre odeur plus qu'il ne le faudrait ainsi que les risques de zoonoses. Il faut éviter de parler au jeune animal comme a un enfant et de le béatifier, il ne s'en offusquera pas et les pollutions sonores que nous émietterions empêcheraient ou brouilleraient les échanges sonores entre lui et les adultes. Ses vocalises aussi légères soient-elles représentent une empreinte vocale et comportementale de l'espèce qui lui sera utile pour son avenir social. La voie humaine ne lui est d'aucun intérêt et ne sert qu'à valoriser et traduire notre affection purement humaine pour lui. Les nourrissages se faisaient donc dans un relatif silence ou tout au plus une ambiance de travail ordinaire. 

 

Mamonjy n'a nullement servit les besoins publicitaires de la Réserve et ne fut en aucun cas mis en exposition aux regards des visiteurs. Devant l'enclos des lémuriens, un panneau signalait sa naissance au public tout en expliquant l'importance conservatoire que revêtait sa survie mais spécifiait également les raisons pour lesquelles il ne pouvait pas le voire.     

 

Une équipe de 3 personnes principalement s'est occupée de l'élevage à la main et de la présentation aux parents de ce jeune lémurien précieux : deux soigneurs qui ont assuré les nourrissages de nuits et de pas mal de journées également, et l'éthologue, qui prenait le relais durant la journée et a mis en place le protocole d'élevage, de mise en contact et de développement comportemental.

Deux autres soigneurs de la tournée comportant les lémuriens ont apporté leur aide lorsque le planning le permettait et le vétérinaire a planifié le programme alimentaire et sanitaire. Un travail d'équipe qui n'est pas de tout repos mais qui, j'en suis convaincu,  en vaut vraiment la peine ! …

 

 

Mamonjy a désormais participé, auprès de ses parents à l'élevage de sa petite sœur Ventana et fait de même cette année avec les jumeaux. Il semble que dans quelques mois celui-ci sera près à faire un bon mâle sachant s'occuper de sa future progéniture  et qu'il quitte la Haute-Touche pour rejoindre, dans un nouveau parc zoologique, une jeune femelle, future mère de ses enfants…

 

Je vous tiendrais informé de la suite de cette merveilleuse affaire…



22/06/2009
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