Découvrons la faune sauvage

Découvrons la faune sauvage

Les magots du Moyen Atlas

Le Magot (Macaca sylvanus)

 

Le singe magot ou macaque de Barbarie (Macaca sylvanus) est le dernier singe survivant en Afrique du Nord, le seul Primate non-humain européen (Gibraltar) et demeure l'unique membre du genre Macaca (les macaques) vivant sur le continent africain à l'état sauvage, tous les autres étant asiatiques.

 

 

Ce primate fut présent historiquement en Afrique du Nord de la Lybie au Maroc et  probablement sur une partie de l'Europe méridionale, mais sa maigre aire de répartition actuelle est limitée à quelques zones montagneuses isolées du Maghreb : les forêts relictuelles du Maroc et de l'Algérie ainsi que, de manière artificielle, au rocher de Gibraltar où une population semi sauvage fut introduite il y a longtemps.

 

 

Petite histoire anglaise

Une petite colonie de 40 Magots est devenue spécialement célèbre. Ils ont même joué un rôle important dans l'histoire politique de l'Angleterre.
Une légende ancienne prédit le départ des Anglais du rocher de Gibraltar si les Magots venaient à disparaître.
Chaque fois que cette petite population de singes diminuait, on importait de toute urgence quelques Magots du Maroc.

En été 1942 cette population fût décimée et par dépêche urgente, le Premier Ministre Anglais, Winston Churchill, demanda quelques singes à son haut commandement d'Afrique du Nord. Depuis 711 après J-C., on mentionne les magots de Gibraltar.
Actuellement ils sont soignés par l'armée britannique, et dépendent du ministre de la guerre, qui prend en charge leurs frais de nourriture, soit 4 pences par singe et par jour.

 L'aire de répartition du magot est aujourd'hui très fractionnées et son habitat souvent dégradé notamment en raison de la concurrence avec l'agriculture et l'élevage. Les auteurs latins (Pline l'Ancien) ou grecs (Aristote) mentionnent le magot (sous le nom de quadrumane) dans des zones où il est aujourd'hui inconnu et il est probable que cette espèce n'était pas originellement seulement inféodée aux zones montagneuses, mais qu'il s'agit là d'une conséquence de l'action de l'homme et de la compétition avec l'activité agricole.

                                             

Cédraie du Moyen Atlas (Maroc) en mars. La forêt du Moyen Atlas Marocain est la plus grande dans toute la méditerranée du sud. Dans cette région le processus de désertification est plus intense et plus rapide : pendant trois décennies seulement, 40%  des régions boisées ont disparu au Maroc.

 

Ce macaque présente un certain nombre d'adaptations morphologiques au froid lié à l'environnement montagnard, tempéré l'été et rigoureux l'hiver, où il vit. Tout comme le fameux macaque du Japon (Macaca fuscata) qui peut survivre dans une épaisse neige, les adaptations morphologiques du magot sont : une réduction de la longueur de la queue et des doigts sur les 4 membres (qui pourraient geler s'ils étaient plus longs, la queue est elle quasi inexistante), un allongement relatif de la longueur de la colonne vertébrale par rapport aux membres (qui permet de maintenir la température du corps grâce à une posture en boule lors de la recherche alimentaire) et bien sûr un fort épaississement du pelage en saison froide.

 

Comme chez tous les macaques, les mâles, plus lourds et plus puissants que les femelles, présentent un dimorphisme sexuel quant à la longueur des canines et ne restent pas toute leur vie dans le groupe social où ils sont nés. À l'inverse, les femelles, elles, demeurent toute leur vie au sein de leur groupe de naissance sauf en cas de fission du groupe en plusieurs sous groupes.

 

En raison des contraintes imposées par le climat, et donc par la disponibilité alimentaire, la reproduction est fortement saisonnière chez cette espèce. La saison des accouplements ou rut a lieu principalement en novembre ce qui induit, après 6 mois de gestation, une saison des naissances centrée sur mai. Cette forte saisonnalité des périodes d'accouplement est rare chez les macaques bien qu'il y ait pratiquement toujours des périodes au cours de l'année où un plus grand nombre de femelles sont en œstrus. Ceci n'est pas sans conséquence car quand les périodes de reproduction sont espacées sur toute l'année, un seul mâle peut quasiment monopoliser toutes les femelles à fertiliser tandis que, comme c'est le cas pour le macaque de Barbarie, quand toutes les femelles sont fertiles en même temps de nombreux mâles peuvent prétendre à l'accouplement. Les observations et études montrent que les nombres de paternités et de maternités sont équitablement répartis parmi tous les individus reproducteurs indépendamment du rang de dominance. De plus, les mâles subadultes se reproduisent aussi souvent que les mâles adultes pleinement établis, ce qui en fait une particularité de ce macaque parmi les autres.

Organisation sociale

À l'état sauvage, les groupes comportent de 12 à 59 individus.

 

L'épouillage
Il ne s'agit pas seulement du nettoyage de la fourrure, mais surtout d'un comportement ritualisé exprimant une relation positive. La
fréquence et le sens dans lequel se fait l'épouillage sont souvent corrélés avec le rang social des individus, l'inférieur épouillant plus souvent le supérieur. Chez les macaques et babouins, plus on "s'apprécie" et plus on se toilette mutuellement…

L'espèce se caractérise par un comportement social très particulier (inhabituel dans la majorité des autres espèces de singes de l'ancien monde) impliquant deux mâles adultes et un juvénile. Ces interactions sont initiées par un mâle adulte qui prend sur son dos ou sur ses épaules un petit et va à la rencontre d'un autre mâle adulte. Les deux mâles adultes adoptent alors un comportement pacifique et l'excitation suscitée par la proximité entre ces gros mâles reste focalisée sur le petit. Les mâles adultes utilisent le bébé comme moyen de médiation avec un autre mâle adulte, l'immunité dont jouissent les nouveau-nés au sein du groupe abaissant le risque d'agression entre les deux adultes. La fonction d'inhibition ou de modification de l'agression a été démontrée car le mâle à l'initiative de l'interaction est le plus souvent de position hiérarchique inférieure. Il choisit plus spécifiquement le petit privilégié du mâle avec lequel il va interagir et ces comportements triadiques s'expriment plus fréquemment en période d'accouplement, où les tensions entre mâles sont maximales. En grandissant, les liens tissés entre le mâle adulte et le jeune peuvent bénéficier à ce dernier en tant que partenaire privilégié lors des coalitions.

 

Nutrition

Le magot se nourrit de glands, d'écorces, de cônes, d'aiguilles de cèdre, de champignons, de bulbes et de proies animales incluant surtout des insectes, d'autres invertébrés et des amphibiens. Le régime alimentaire évolue tout au long de l'année en fonction de la disponibilité alimentaire. Aux abords des zones agricoles, il peut également consommer des fruits, des légumes, des céréales ainsi que d'autres plantes ne figurant pas normalement dans son régime alimentaire, ce qui témoigne de sa grande faculté d'adaptation dans ce domaine.

Les prédateurs des magots sauvages sont le chacal, les chiens sauvages, le renard et probablement les rapaces ainsi que les hommes

Population

1977 :  Algérie : seulement deux des sept régions où le magot était présent (Guerrouch et Agfadou) hébergeaient des populations de taille raisonnable. Ce pays abritait alors 23 % (soit un maximum de 5 500 individus) du nombre total des magots sauvages survivant en Afrique du nord écologiques.

            Maroc : l'essentiel de la population se concentrait dans le Moyen Atlas et représentait 65 % de la population totale (soit 14 000 individus maximum) à l'époque. Les poches relictuelles du Rif et du Haut Atlas n'abritait à cette époque déjà plus que 12 % des magots sauvages (soit 2 600 individus maximum). Les sous populations persistantes dans le Rif et le Haute-Atlas sont considérablement fragmentées et isolées les unes des autres par parfois entre 50 et 100 km sans corridors.

Une étude plus récente de 2005 estime le nombre de magots survivants à 10 000 individus, soit une régression de plus de 50 % en moins de trente ans (l'estimation dépassait les 22 000 en 1977). Cette espèce est donc excessivement menacée et au premier chef, en raison de la destruction de son habitat naturel. Les populations existantes vivent dans des habitats grandement modifiés par l'homme et les magots sont régulièrement capturés pour être vendus ou tués.

Une population de 200 individus est maintenue artificiellement sur le Rocher de Gibraltar. Il a été communément avancé que cette population descendait d'une douzaine de fondateurs importés pendant la Seconde Guerre mondiale. Or l'analyse génétique indique une origine double de la colonie, avec deux souches distinctes, l'une algérienne, l'autre marocaine, ce qui suggère une présence plus ancienne sur le Rocher.

La seule aire où le magot est encore présent en relative abondance est la foret de cèdres du moyen atlas. Dans les années 80 on estimait que 65 à 75 % des magots survivants du monde y vivaient. Les études faites dans ces régions démontrent que les densités de populations ont déclinée de 50 à 80 % les trentes dernières années.

 

 

Classé depuis 1986 par l'Union International pour la Conservation de la Nature (UICN) comme espèce seulement vulnérable il aura fallu attendre 2008 pour que cette Union de scientifiques considère le magot comme espèce en danger.

Menaces

La principale menace qui pèse sur les magots est la perte de son habitat due à l'exploitation forestière intensive, la combustion de charbon de bois, le bois de collecte, le défrichement des terres pour l'agriculture et la dégradation du milieu par le surpâturage du bétail domestique (un problème qui est exacerbé par la sécheresse).

 

En outre, les familles de bergers s'installent ces dernières années dans la forêt de plus en plus près des sources d'eau et souvent, renferment ces sources dans des puits en ciment afin de pouvoir extraire l'eau pour leurs troupeaux. En contrepartie, les macaques et autres animaux sauvages sont exclus de ses apports d'eau naturels dans les zones où elle leur était auparavant accessible.

 

Des conflits avec les populations locales ont été signalés en Algérie, à la suite de raids dans les cultures de la part des singes.

 

Le commerce illégal des espèces vivantes est également un grave problème.

La plupart des spécimens prélevés dans la nature le sont pour le commerce international. En comparaison avec ce dernier, les prélèvements à des fins locales sont relativement faibles, bien que M. Sylvanus soit régulièrement conservé comme animal de compagnie au Maroc et pour l'utilisation commerciale locale (photographie rémunérés dans les zones touristiques et de restaurants).

 

De jeunes magots nourrissons sont vendus plus ou moins ouvertement sur les marchés dans tout le Maroc et en Algérie, les prix pouvant aller de 100 à 200 euros par animal.

On estime que jusqu'à 300 nourrissons sont prélevés chaque année dans les habitats marocains. Si cette estimation de prélèvement est correcte et que ce phénomène devait durer, les populations de magots se verraient nettement fragilisées.           

 

La contrepartie de ces prélèvements est que les particuliers qui ramènent chez eux un petit macaque sont très heureux jusqu'à ce que la réalité se rappelle à eux : l'animal sauvage. Dans le meilleur des cas, pour les humains, ce petit animal reste gérable jusqu'à sa maturité sexuel, où il peut devenir agressif et assez destructeur. Malheureusement pour eux, le magot n'est pas souvent coopératif et il sera relâché dans la nature… française. Les autorités qui recueillent ces animaux les placent, lorsque cela est possible, dans des parcs zoologiques ou des sanctuaires mais cela devient de plus en plus problématique devant la fréquence de ses arrivées. Les établissements zoologiques qui pouvaient accueillir ces magots sont aujourd'hui surchargés et les autorités se retrouvent obligées d'euthanasier ses individus.

Dans plusieurs régions les macaques sont en contact avec l'homme. Le nombre de visiteurs augmente chaque année. Les visiteurs sont attirés par la beauté  la nature, l'environnement et la présence du magot.

 

              La présence de l'homme d'une façon permanent au voisinage des  magots n'est pas sans danger pour  ces animaux. Dans le site, afin de s'approcher des magots, les visiteurs distribuent de la nourriture pas toujours adaptée à leur santé (cacahouète, chips, biscuits apéritifs,…). En plus elle risque de provoquer des modifications comportementales néfastes pour le groupe.

Protections ?

 

Malgré une certaine protection en vertu de la législation nationale et internationale réglementant la collecte et l'exportation des magots par un système de permis l'application de la législation  est insuffisante.

L'espèce est inscrite à l'Annexe II de la CITES (CE 338/97, annexe B). En 2000, la Communauté européenne a suspendu les importations de Sylvanus M. partir de l'Algérie et du Maroc en vertu des dispositions de l'article 4.6b de la CE Règlement 338/97 parce que le commerce a été jugée avoir un effet nocif sur l'état de l'espèce.


Un certain nombre d'actions à été entreprit afin de sensibiliser le public et réduire le commerce illicite de cette espèce. AAP (Pays-Bas, une base de sanctuaire pour les animaux exotiques) a lancé un projet visant à lutter contre le commerce illégal de macaques en Europe, impliquant notamment la sensibilisation des acheteurs potentiels, la coopération avec les autorités des pays consommateurs et formation des agents des douanes en Espagne. En Algérie, l'Association écologique Amazer-N'-Kefrida travail à l'éducation du public et lance des campagnes de sensibilisation, depuis 2006, contre le commerce illégal, les utilisations commerciales, et l'alimentation artificielle abusive des macaques, en collaborant étroitement avec la Gendarmerie Nationale (gendarmerie nationale) , les Douanes algériennes, le Laboratoire d'écologie et de l'Environnement de l'Université de Béjaïa, la direction générale des forêts et les parcs nationaux.

En France l'Association SOS magot entreprend ce même type d'actions et vient de réaliser un film plutôt bien réussi dans le but de sensibiliser le public, notamment celui des établissements zoologiques qui acceptent de le diffuser.

 

La plupart des habitats de M. sylvanus en Algérie a le statut de parc national ; ce n'est pas le cas pour l'ensemble des habitats au Maroc. Une partie des montagnes du Rif a le statut de parc national, et il est prévu de donner ce statut au centre de la cédraie du moyen atlas, mais une grande partie de l'habitat de cette espèce au Maroc se situe en dehors des zones protégées. De plus, les parcs en Algérie et au Maroc souffrent d'importants impacts humains, et tous ces domaines requièrent une protection beaucoup plus strictes que celles actuellement en place.

La possibilité de réintroduire les macaques de Barbarie dans le nord de la Tunisie, où ils se sont éteints dans les années 1900, devrait également être étudiée.

Venez vous faire surprendre par les magots « sauvages » du moyen atlas. Pas la peine de leur donner à manger (sauf si vous voulez provoquer un contact totalement artificiel), les singes vous laisserons les observer d'assez près lors de leurs activités naturelles, tant soit peu que vous vous enfonciez suffisamment dans la forêt à l'écart des touristes lambda et des colporteurs.



19/03/2010
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