Les lémurs couronnés, des lémuriens en danger !
Une espèce en voie de disparition :
Les lémurs couronnés (Eulemur coronatus), font partie des nombreuses espèces de lémuriens classées en annexe I-a de la Convention de Washington, dont les naissances en captivité sont peu fréquentes !
Evaluée par l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) comme "seulement" Vulnérable depuis 1996 jusqu'en 2007, il est à noter le statut régressif que connaît la population de cette espèce. Estimés entre 10 000 et 100 000 en 1994, les lémurs couronnés ne seraient plus qu'entre 1 000 et 10 000 en 2004 ; il sera alors intéressant d'attendre la prochaine liste des espèces en danger de l'UICN.
Les principales causes de régression de ce lémurien, que l'on trouve principalement dans les forêts sèches ou semi sèches d'arbres à feuilles caduques de la pointe nord de Madagascar, sont bien connues et assez communes à de nombreuses espèces : perte et fragmentation de l'habitat forestier, dégagé et brûlé pour libérer d'"éphémères" terres agricoles ou coupes illégales en périphérie de Réserves comme bois de chauffage ou pour fournir des entreprises mobilières en bois exotiques. De plus dans certains secteurs les lémuriens sont capturés comme nourriture ou pour alimenter le trafic d'animaux de compagnie.
Un peu d'histoire...
Un couple de Lémuriens couronnés, Emerik et Aline, est arrivé à la Haute-Touche en 2002, mis en dépôt par le zoo de Mulhouse et le Centre de Recherche en Primatologie de Strasbourg. Ce couple de lémuriens, né sauvages (en liberté) à Madagascar fut capturé et envoyé en France en 1992 dans le cadre d'un programme scientifique de reproduction en captivité avec l'accord des autorités malgaches. Ce vieux couple a passé plusieurs années au zoo de Mulhouse où il a engendré quelques jeunes. Après deux ans pendant lesquels il ne se reproduisit plus il fut décidé de l'envoyer à la Réserve de la Haute-Touche afin d'observer si, peut-être, un nouvel environnement pouvait stimuler à nouveau sa "libido".
Aline est malheureusement morte de vieillesse (insuffisance cardiaque) en 2005 sans avoir pu donner de nouvelle descendance. Afin de ne pas laisser Emerik seul sur ses vieux jours, Tina, 3 ans et demi à son arrivée en 2005, fut envoyée, elle aussi, de Mulhouse et présentée au vieux mâle. La mise en contact fut assez rapide et le nouveau couple a pu faire connaissance sans aucun signe d'agressivité jusqu'à ce qu'en juillet 2007…
Naissance de Mamonjy le 17 juillet 2009
Tina, la jeune femelle de 5 ans lors de l'évènement, a mis bas, pour la première fois de sa vie le 17 juillet 2007 à la Réserve de la Haute-Touche, d'un petit mâle.
Chez de nombreuses espèces de mammifères, de telles femelles primipares (mère pour la première fois), surprises, voire effrayées par le phénomène de la mise bas peuvent tuer ou rejeter leurs petits. Ce fut le cas de Tina qui ne s'en est pas occupée et ne voulait pas s'approcher du jeune Mamonjy ("sauvé" en malgache).
Dans leur milieu naturel (voire en captivité) la mort du jeune peut remplir le rôle d'apprentissage pour la femelle qui, devant cet "échec", perfectionnera son comportement maternel auprès de sa progéniture des années suivantes. L'équipe de la Réserve ne pouvait cependant pas abandonner Mamonjy à son sort, d'autant plus qu'il revêt une importance génétique peu commune.
Effectivement, Emeric, son père, est l'un des rares lémuriens encore en captivité à être né à l'état sauvage et prélevé dans un objectif de conservation des espèces en voie de disparition. Le jeune Mamonjy possède donc, de par son père, une génétique (semi-sauvage) extrêmement importante pour la variabilité génétique de la population captive au sein du plan de reproduction et de conservation européen et international. De plus Emeric est âgé de plus de 19 ans (l'espérance de vie des lémurs couronnés est d'un peu plus de 20 ans), et ne pourra certainement plus se reproduire longtemps.
L'équipe de la Haute-Touche décida donc, avec le coordinateur européen de cette espèce, d'élever ce jeune lémurien à la main.
Une tétée toutes les deux heures (de jour comme de nuit) est indispensable au moins le premier mois, mais le nourrissage n'est pas tout. Il faut surveiller son poids tous les jours (deux pesées par jour), stimuler l'excrétion en humidifiant ses parties génitales avec du coton (dans la nature c'est la mère qui lèche son petit pour l'aider), surveiller l'état des selles, soigner les petits désagrément (irritations, toilettage,…) et … assurer le plus rapidement possible sa resocialisation au sein du groupe familial et donc le présenter régulièrement à ses parents naturels. Je n'insisterais pas sur cet épisode que je reprendrais dans un article très prochain sur l'élevage à la main d'un jeune lémurien…
Emerik (au premier plan) et Mamonjy (très observateur)
Des petits frères et soeurs pour Mamonjy :
Ne pas avoir élevé elle-même Mamonjy n'a heureusement pas empêchée Tina de parfaitement bien s'occuper de la petite femelle, Vintana, née l'année suivante ni des naissances de cette année. Effectivement, Tina a mis bas en mai 2009 de jumeaux, assez rares chez une espèce qui ne donne normalement naissance qu'à un seul petit chaque année.
Vintana ("chanceuse" en malgache)
Une surveillance toute particulière et encore plus pointue que pour leurs aînés fut portée aux jumeaux afin de s'assurer qu'aucun des deux nouveaux nés, plus faible ne s'accroche pas correctement à sa mère pour rester à proximité des mamelles nourricières.
Un mois après leur naissance ils se portent très bien mais il n'est pas possible encore de définir leur sexe sans les manipuler. Afin d'éviter ce stress au deux jeunes, la Haute-Touche attend qu'ils prennent leur couleur adulte définitive : brun roux pour les mâles, gris pour les femelles.
Tina et les jumeaux 2009
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